Flammarion, 2016
Esther Montandon écrit une sorte de journal, elle a vécu le pire, la perte de sa petite fille. Elle était écrivain, “était” parce qu’un tel drame peut tout enterrer sur son passage. Le journal parait à titre posthume. Il porte le beau titre de Vivre près des tilleuls, et c’est un magnifique récit, une belle écriture.
Magnifique récit que celui d’une auteure fictive en vérité, belle·s écriture·s que celle·s du collectif AJAR qui regroupe dix-huit jeunes auteur·es, dont l’une témoigne de « l’infiniment plus que moi, le tellement plus que nous ». Un livre au delà de la vaine question de la fiction et de la vérité. « La littérature n’est pas le contraire de la vérité. C’est en passant par la littérature que l’on s’approche de la vérité », explique l’éditrice chez Flammarion.
Cette expérience artistique m’a fascinée, j’ai cherché bien sûr les différences d’écriture, les similitudes aussi puisqu’il y a bien plus de chapitres que d’auteur·es. Des différences il y en a, mais elles sont à l’avantage du tout, dans le plaisir des rythmes singuliers, souvent celui des temps du récit ou des points de vue, à la fois si variés et finalement si cohérents. Peut-être comme tout·e lecteur·trice, je me retrouve davantage encore dans cette narratrice multiple, multiple que je suis moi aussi, selon les jours, la lumière, unique en tel instant, puis diffractée pour un moment, selon l’heure du jour, ou de la nuit, la couleur du ciel ou celle tout intérieure, selon l’endroit d’où je vis ou d’où je lis.
Quel baume sur les affres des égos si grandement dimensionnés dans LE monde des Ecrivain·es !
Agnès Jobin, 28.11.2016