Flammarion, 2014
“Une vie à soi” est avant tout la rencontre de Laurence Tardieu avec Diane Arbus la photographe, dont les clichés ont été exposés au Musée du Jeu de Paume dans le Jardin des Tuileries en automne 2011, l’auteur va s’y rendre par hasard “ce jour-là elle est entrée dans ma vie, la percutant de sa lumière alors qu’il me semblait que j’errais dans ma nuit”.
Diane Arbus, issue de la bourgeoise juive new-yokaise devient alors une soeur, une compagne, un double pour celle qui est a grandi dans le XVIe arrondissement de Paris, hors du réel dans “une vie placée sous le signe de l’argent et de la réussite sociale” .
“Nous sortions d’espaces emmurés et notre énergie était immense et la force de ce mouvement d’extraction devenait notre moteur, nous propulsant, elle dans la photographie, moi dans l’écriture.
La publication de son avant-dernier livre en 2011 a déclenché une guerre familiale dont l’impact a laissé Laurence Tardieu au bord de l’effondrement durant deux ans, ou elle a été incapable d’écrire une ligne. Ce texte a mis en lumière ce qui avait été tu pendant dix ans, à savoir la condamnation de son père, haut fonctionnaire d’état reconnu coupable de corruption.
A la lecture du manuscrit son père a exigé que le livre ne paraisse jamais de son vivant. Laurence Tardieu l’a publié, c’était pour elle vital de dire le vrai.
“Elle avait cherché ce que moi aussi je cherchais. Elle aussi avait rompu avec son passé. Elle avait avancé, sans fard et sans filet jusqu’au bout. “Ce qui l’obsédait : faire tomber les apparences, elle voulait atteindre la vie intérieure.”
Grâce à la rencontre avec Diane Arbus, Laurence Tardieu s’est relevée, a été soulevée de terre, a retrouvé le goût de vivre et celui d’écrire.
“Tu es entrée dans ma vie et j’ai retrouvé ce qui au coeur de moi s’était dissous. Lentement je me suis recomposée. Je me suis redressée. “Jamais je n’ai autant ressentie le bonheur de faire partie aujourd’hui du monde des vivants. Jamais je n’ai autant ressenti le bonheur d’écrire.
Laurence Tardieu est vivante et elle écrit. Heureusement.
Dominique Riat, 26.12.15